jeudi 28 février 2013

Tout à portée demain, mais le vide ?




J'ai rencontré de nombreux Français ces derniers temps sur le campus, notamment hier. Aucun n'est enthousiaste ici, aucun ne semble heureux sur ce campus et tous s'y ennuient, disant haut et fort, et en français, qu'il n'y a rien à faire en Oklahoma. Que cet état n'a pas d'histoire, que cet état est laid, que les gens sont conservateurs, que les choses à faire commencent une fois la frontière franchie.

C'est déprimant d'entendre ça. Je me sens complètement isolée par cette obsession que j'ai pour cet état, pour son histoire, pour les gens qui y vivent... et vis mal toute attaque qui lui est faite. 
Peut-être suis-je aussi obtue que le sont ces étudiants étrangers, habitués à leur pain, leur saucisson et leur café en bas de la rue. 

Je ne regrette de la France que mes proches et le fromage. Je n'ai pas le temps d'en regretter la vie trépidante que j'y avais, entre musée, théâtre, opéra, concert, promenade et errance, sport, études, travail et retrouvailles amicales. Je n'ai pas le temps. Je travaille ici et meuble mon temps comme je peux. Et je me sens libre, parce que je peux choisir ce que je veux être, qui je veux être. Je me sens moins enfermée dans des carcans que je me suis imposée et dans lesquels je me suis étouffée des années durant, parce que les autres s'attendaient à ce que je sois ce que j'avais déjà donné à voir. Je suis libre d'être différente de ce que je suis en France. Je ne suis pas que la "boîte à haha". Alors je suis libre. 

Et le campus met à disposition tout ce dont j'ai besoin et me permet de rencontrer facilement des gens. Le contact serait-il plus facile ici ? Et pour quelle(s) raison(s) ? Serait-ce culturel ? Ou parce que je suis davantage disponible et dans cet état d'esprit ?
Il y a des tas de choses à faire ici, mais il faut aller les chercher. Elles ne sont pas en bas de l'immeuble. Et alors ? C'est seulement différent de ce que nous connaissons. C'est tout. Ici, c'est la quiétude, c'est paisible. Le trouble vient du vent, ou de la prison locale, lorsqu'un détenu s'échappe et est activement recherché par les différentes unités de police. Tellement activement qu'on ferme les écoles de la ville, par mesure de précaution. C'est le pays de la démesure et de la mesure de précaution... qui n'évite pourtant pas des drames... Mais les habitants sont sereins et doux.  
C'est l'endroit parfait pour celui qui a toujours rêvé d'avoir du temps à soi. Cette formule me fera toujours penser à Pline le Jeune, à ce petit bouquin à la couverture blanche et au volcan en éruption au centre... Bref, du tempe pour la couture, le tricot, le crochet, le scrapbooking, la cuisine, l'écriture... Toutes ces choses que les gens font aussi peut-être par ennui ici, qui sait. 

Je m'épanouis ici. C'est ce que je suis venue chercher. Je choisis mes racines. Je ne m'y enterre pas. Tout mon/notre équilibre est à refaire ici, et c'est excitant de savoir que tout est à créer.
Cet environnement s'y prête. 
L'état d'Oklahoma est finalement bipolaire, divisé entre Oklahoma City au centre et sa périphérie, et Tulsa au nord-est. L'opéra de Tulsa est célèbre pour ses ballets. Ceux présentés sur le campus sont par ailleurs d'un excellent niveau.
Ceci dit, je ne m'estime que novice et me trouverais sans doute formidable quelqu'un dansant la Macarena en tutu sur du Bartók...

Ceci étant dit, nous avons aussi un théâtre sur le campus. Les pièces y sont variées, entre classiques, adaptations libres, ou certaines plus modernes, nous avons l'embarras du choix. 
Et puis il y a le cinéma du campus : gratuit les vendredi et samedi pour 6 séances, dans une salle formidable, gigantesque, grandiose. Les films diffusés sont récents : ils viennent à peine de sortir en France. Notre budget cinéma était franchement limité lorsque nous étions à Paris tous les deux. Nous explosions en revanche notre budget DVD, craignant pourtant que ce media soit rapidement dépassé et obsolète. Peu importe. Notre collection est large, et nous en sommes heureux. 
Je n'ai pu abandonner cette obsession du DVD ici et me suis déjà procurée un certain nombre de films introuvables en France. Des films réalisés par des gens d'Oklahoma. Ils sont finalement inspirés, même en restant ici.  


Et puis il y a les paysages ici, les montagnes, le désert, les plaines, les forêts, les vallées, les lacs... C'est l'Aquitaine !







Aucun commentaire: