lundi 25 mars 2013

Paris en courant


Montmartre au loin. 

Je suis déjà rentrée, après un séjour parisien en accéléré : voir le plus de monde possible, profiter de Montmartre au maximum, manger des chocolatines à ne plus pouvoir les blérer.

L'exposition Le Romantisme Noir nous a envoûtés, et c'est toujours un plaisir de découvrir le Musée d'Orsay qui talonne de très près celui du Quai Branly dans mon classement purement subjectif (la Pinacothèque et Jacquemart André viennent respectivement se placer en troisième et quatrième place)... Et j'ai beau adorer les merveilles Louvre, ce sont surtout les retrouvailles avec les copains le mercredi soir autour des frites du McDo du Carrousel qui m'enchantent.
Ces rituels pseudo hebdomadaires me manquent et sont irremplaçables... Tout autant que ce que je vis ici : j'ai été accueillie par des amis dès mon retour, et j'ai pu partager avec ma partenaire de couture une demi journée en plein air dans le froid et le vent à écouter une conférence sur les conséquences environnementales du pipeline en construction, et apprécier pour la seconde fois dans ma courte vie l'enthousiasme de Buffy Sainte Marie, venue chanter pour l'occasion. Je l'avais vue à l'Alhambra à Paris en janvier 2010 et j'en avais été si émue que j'avais passé plus d'une heure à pleurer pendant le concert. Jamais je n'aurais cru la revoir. Activiste Cree de 72 ans, proche de membres de l'AIM dans les années 1960-1970, elle avait signé le titre phare d'un des films avec lesquels j'ai été élevée, Soldier Blue et que j'avais choisi d'étudier dans mon mémoire de Master.


Buffy Sainte Marie - Paris, janvier 2010



William Bouguereau - Dante et Virgile aux enfers



John Martin - Le Pandemonium

Thomas Cole - Expulsion - Lune et lueur de feu

Johann Heinrich Füssli - Les 3 sorcières 



Faire la touriste et s'émerveiller

dimanche 17 mars 2013

Les retours



Place des Abbesses

Je suis rentrée à Paris pour quelques jours de vacances. J'en profite pour voir mes amis, m'imprégner de l'atmosphère de cette ville que j'aime tant, et apprécier les petits plaisirs bien français : déambuler dans les rues montmartroises, dénicher des perles dans les friperies du coin, déguster une chocolatine le matin et un poulet rôti-pommes de terre le dimanche midi.

Évidemment, comme le gigot d'agneau et le foie gras ne font partie de mes habitudes alimentaires, je me suis débrouillée pour aller explorer le diner du Marais, Breakfast in America, le jour même de mon arrivée, puis pour me rassasier avec un bagel et un cheesecake à Factory & Co le lendemain avant d'aller retrouver un groupe d'amis autour d'une délicieuse sangria.

Factory & Co

C'est un retour temporaire, éphémère, et donc un retour grandement apprécié. Comme dit ce dicton bien connu, on ne se rend compte de la valeur des choses qu'une fois qu'on les a perdues, à ceci près que je n'ai pas perdu Paris et étais déjà bien consciente du bonheur et de la chance d'y vivre ces derniers mois, en particulier depuis la réception de ma lettre d'admission.


Un retour temporaire et une mise en abîme : je regarde depuis mon confortable canapé parisien Les Revenants.

Moi qui suis pleine de préjugés et ne suis donc pas vraiment attirée par les productions françaises, qu'elles soient musicales ou cinématographiques, je dois reconnaître avoir été très surprise par la naïveté avec laquelle j'appréhendais cette série, et par ma réception. Je viens de terminer la saison en un week-end et ai déjà hâte de regarder la suite... que je devrai attendre fort longuement.

Le concept de cette série est excellent, l'ambiance nébuleuse et anxiogène, l'intrigue bien ficelée, avec évidemment cette trame classique de destins croisés avec des personnages profondément humains et superbement interprétés, une qualité d'image qui me fait ravaler mes critiques antérieures, un esthétisme auquel je suis franchement réceptive et une bande son à faire frémir.


Des morts reviennent de nulle part, tentent de reprendre leur vie où ils l'avaient laissée. On est bien loin des hordes de morts-vivants piqués par un insecte ou tombés malades on ne sait comment et qui ravagent la ville à la recherche de chair fraîche... Ici le sang n'est pas ce qui effraie. La terreur s'installe progressivement, non pas parce qu'ils reviennent.
On est dans un petit village de montagne où tout le monde se connait et où les ragots vont bon train, qui nous rappelle le Trièves à Chichilianne où Jean Giono nous baladait avec Langlois, ou plus récemment les forêts de l'état de Washington dans la ville imaginaire de Twin Peaks comptée par Lynch et Frost...
L'accent est ici mis non sur l'action mais davantage sur la psychologie des personnages, la perte des êtres chers, les réactions face au retour chez ceux qui reviennent comme chez ceux restés vivants...

Particulièrement réceptive aux livres, bandes dessinées ou films post-apocalyptiques, je reconnais avoir une fascination morbide pour les histoires de zombies et d'apocalypse relative, comme de nombreuses personnes, et me prends à imaginer parfois ce qu'il me faudrait faire si jamais une telle chose arrivait, comme de nombreuses personnes. Je bidouille alors des plans d'échappée et prépare un sac à dos pour la fuite après avoir passé des heures sur ThinkGeek

Les revenants vont plus loin dans l'analyse, même si ma découverte de la série est encore bien fraîche, mais cette dernière me permet d'apprécier davantage encore mon retour en terre natale.


jeudi 14 mars 2013

Récemment

1 - Le "plein" de France

Je me suis récemment délectée devant les Femmes du 6ème Étage, Potiche, L'Arnacoeur (que j'ai trouvé sans intérêt), Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain, L'Auberge Espagnole, OSS 117 : Rio ne Répond plus.

Je me suis délectée en dégustant du fromage acheté en grande quantité, ce qui révèle, je crois, que mes achats compulsifs ne s'arrêtent pas aux robes et chaussures.

Je me suis délectée en papotant avec mes proches sur Skype.

2 - Le plein de crafts

Je me suis récemment délectée en tricotant et en faisant de la couture avec une amie.

3 - Le plein de concerts

Je me suis délectée vendredi en écoutant un certain nombre de groupes locaux à Opolis, un bar local de Main Street.

Je me suis délectée en écoutant Shivering Timbers puis Water Liars à Oklahoma City samedi soir, avant de papoter avec eux.

Je me suis délectée en écoutant en boucle ces quelques titres :






Partner in crafts


Water Liars
Dans 24 heures, je serai à Paris.

mercredi 6 mars 2013

Amélie Poulain et l'humour américain


Cette semaine est dédiée à la découverte du cinéma dans nos classes de langue.

J'ai choisi de projeter Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain, tout en leur laissant le choix parmi une sélection de Jacques Audiard (Un Prophète, De Rouille et d'Os), Lucchini (Les Femmes du 6ème Étage), et de Jean-Pierre Jeunet (Amélie, Un Long Dimanche de Fiançailles), évidemment. Ne pouvaient être retenus que des films disponibles au laboratoire, j'ai longtemps hésité avec du politiquement incorrect en montrant OSS 117, mais je me suis ravisée, sait-on jamais, la réaction d'étudiants pourrait s'avérer violente, quand on sait que certains s'offusque devant du Klapisch lorsqu'on leur propose L'Auberge Espagnole.

Ça en dit long je crois sur nos différences culturelles.

J'ai pu observer pourtant certaines réactions auxquelles je ne m'attendais pas avec Amélie Poulain. 

Les réactions à l'humour notamment. Est-ce parce qu'ils sont plus jeunes, ou sont tentés de rire en même temps qu'un petit groupe pour ne pas se sentir en décalage ? Toujours est-il que les scènes qui ne me font pas rire ont été celles qui ont eu le plus grand succès, notamment celle de la mort de la mère d'Amélie sous le corps d'une touriste québécoise suicidaire, et le dérapage dans les toilettes des Deux Moulins entre Georgette la buraliste hypocondriaque et Joseph l'amant éconduit par Gina. 
La douceur et la délicatesse des sentiments n'ont, d'après ce que j'ai pu voir, pas touché grand monde. Peut-être, par pudeur, ne laissent-ils exploser que les émotions fortes, jugées peu personnelles finalement (encore que cela soit perçu comme intime au point de se couvrir les lèvres dans certaines cultures), et intériorisent-ils le reste. Évidemment que le rire est culturel, je ne l'apprends à personne.

Peut-être que je réagis aussi fortement parce que le film me touche, ayant passé ces deux dernières années à Paris, à Montmartre, et notamment aux Deux Moulins rue Lepic et ayant emprunté la station des Abbesses je ne sais combien de fois.


Finalement, je me sens un peu comme Du Bellay exilé à Rome : il encensait et mythifiait la ville de ses rêves et trouvait peu d'intérêt à la France, mais une fois hors de chez lui, c'est la déception, et son pays retrouve crédit à ses yeux, le rendant tout à coup nostalgique. 
Je suis très loin de l'excès témoigné par le poète, et les États-Unis ne finiront jamais de me surprendre et de me fasciner, mais je dois reconnaître que je redécouvre mon pays sous un angle nouveau et m'aperçois que je suis offensée lorsque quelqu'un se permet de railler nos manifestations, nos 35-39h hebdomadaires et la qualité de nos universités. 


Alors j'ai versé ma "larmiche" en classe, évidemment, mais un red velvet cupcake cuisiné par un de mes étudiants a su me consoler.