mardi 22 janvier 2013

Prendre du recul





J'enseigne depuis plus d'une semaine le français à des étudiants de mon université. Ils sont perdus parce qu'ils n'ont jamais entendu cette langue, et j'avoue que moi aussi, parce que je n'ai jamais véritablement réfléchi sur le sujet.

Concrètement, enseigner la partie culturelle est évidemment la plus amusante. Je communique des anecdotes rigolotes et des exemples des différences culturelles. Là, j'ai de la matière.

Mais quand il s'agit de prendre du recul sur ma langue, d'expliquer des points de grammaire et qu'il faut être inventif pour rendre la démonstration ludique, ça se corse.

J'aurais du me poser ces questions bien plus tôt, mais c'est en l'expérimentant que cela devient réel.

J'imagine que cela fonctionne ainsi pour tout ce qui nous concerne... et que je devrais prendre du recul plus souvent.


mardi 15 janvier 2013

De Rouille et d'Os, et de délicatesse





Stéphanie dresse les orques. Elle a un accident, y perd ses jambes, et c'est grâce à la nonchalance d'Ali face au handicap qu'elle réapprend à vivre et à apprécier de vivre. Un peu paumé lui aussi, le cadre qu'instaure Marie l'aide à surmonter ses faiblesses. Un vrai travail d'équipe, sans pitié ni compassion, et surtout, sans en avoir l'air. 

Marion Cotillard, dont je ne suis certainement pas la plus grande fan, est épatante dans ce drame de Jacques Audiard. Les émotions qu'elle parvient à faire passer à travers son regard et sa voix sont d'une grande justesse.
Ce film est un vrai délice plein de délicatesse, sans pathos et surtout sans tabou non plus. Le spectateur cherche du regard le bout de chair meurtrie, et les acteurs lui servent sur un plateau, sans retenue, la question de la sexualité et du handicap, que l'on a souvent tendance à mettre le plus loin l'un de l'autre. 
Marion Cotillard sait donc faire autre chose que mourir pathétiquement dans Batman The Dark Knight Rises, et je l'avais presque oublié après son passage dans l'ennuyeux Petits Mouchoirs et les deux bijoux de Nolan. 


"You is smart, you is kind, you is important"








J'ai regardé The Help (La Couleur des Sentiments) de Tate Taylor il y a quelques jours. Évidemment, après le grand succès populaire du livre, le film est un petit bijou plein de bons sentiments. Les actrices sont justes, leurs performances efficaces et rythmées, et Jessica Chastain poignante, une fois de plus. 



Skeeter, campée par la géniale Emma Stone, est comme de nombreuses jeunes filles de Jackson, Mississippi, élevée par une nanny noire : Constantine. Or, son ouverture d'esprit et son respect de "l'Autre", plutôt révolutionnaires en 1963, font tâche dans le quartier. 
Sa plume acerbe la pousse à devenir écrivain et elle trouve alors le sujet parfait qui n'a jamais été traité jusque-là : faire connaître la perspective des gouvernantes noires sur leurs conditions de vie, et surtout avec leurs mots. Avec l'aide de deux femmes, l'émouvante Aibileen incarnée par Viola Davis et Minny campée par Octavia Spencer, avant que cela ne s'étende à un groupe bien plus large, Skeeter s'attache à transmettre leur quotidien, le regard qu'elles portent sur leur vie et sur celles pour lesquelles elles travaillent. 

Les tensions dues au mouvement des droits civiques sont subtilement montrées. Thème bien entendu oscarisable, il n'y avait plus qu'à ajouter la touche de pathos et c'était gagné, mais il est pourtant traité avec finesse et retenue. 





La condition de ces femmes noires et celle des jeunes femmes blanches qui vivent côte à côte, toutes enfermées dans des carcans sociaux dont il est difficile de s'extraire, est abordée avec délicatesse, malgré un personnage peut-être trop stéréotypé, où l'emphase n'était peut-être pas nécessaire, sinon pour la rendre détestable en tous points et concentrer tout le dégoût du spectateur. 
La plus touchante est évidemment Celia Foote (Jessica Chastain), brin de femme maladroit et perdu au milieu de tous ces codes. 

Un film féminin, en somme, mais qui dépasse les barrières : celle du genre et du sexe, celle des classes sociales et des associations raciales qu'on y rattache.
Le vrai regret est que finalement, le point de vue reste le même, demeurant, malgré l'effort, du côté de la culture majoritaire... ce qui enracine ce film dans le divertissement.




dimanche 13 janvier 2013

J'Y SUIS.


J'écris depuis mon nouveau bureau sur le campus et je retrouve mes habitudes, alimentaires, entre autres, créées il y a plusieurs années et réactivées il y a quelques mois...

Je suis arrivée mercredi soir, après un passage à Detroit, Michigan.

Un véritable tourbillon d'émotions met la panique dans ma tête. J'en ai tant rêvé, je l'ai tant espéré que cela me semble irréel d'être ici.

Mais je suis enfin installée et mes deux grosses valises déballées, après un ménage intégral.
Tout refaire, tout recréer. C'est la partie excitante et angoissante. Refaire un chez soi.





mardi 8 janvier 2013

Des goûts évoluent et pas d'autres



Je regarde depuis quelques mois des films qui me plaisaient lorsque j'étais enfant et qui ont marqué ma génération. Restent en mémoire des images frappantes et des répliques cultes. Mais alors que la bobine défile sous mes yeux, je m'aperçois que ces films sont des aberrations cinématographiques et visuelles. En tête de liste, Un Indien dans la Ville et The Mask.

Évidemment que les goûts évoluent, et heureusement d'ailleurs, mais je pensais me délecter des films ayant bercé mon enfance non pas pour leur trame narrative que je connais pourtant presque par coeur, mais pour les souvenir qu'ils allaient réactiver. Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir finalement un second niveau de lecture qu'à 10 ans je n'avais pas compris, ou que peut-être avais-je déjà pensé inintéressant au point d'en faire abstraction et de ne retenir que ce dont je me souviens encore. 

Restent pourtant les indémodables, indétrônables, mes madeleines sur pellicules, qui jamais ne me déçoivent, sans doute parce qu'ils m'ont accompagnée jusqu'aujourd'hui et que j'y ai découvert d'autres niveaux de lecture, ma sensibilité évoluant au fil des ans. Aladdin, Cendrillon, Brisby et le Secret de Nimh, L'Étrange Noël de Monsieur Jack, Maman j'ai raté l'avion, les premiers Harry Potter, les premiers Miyazaki...










lundi 7 janvier 2013

Take Shelter

 J'ai enfin pu voir Take Shelter, l'ayant raté au cinéma en début d'année dernière, et j'ai trouvé ce film d'une grande puissance.





L'atmosphère y est dérangeante, l'angoisse diffuse et amplifiante, et si le réalisateur Jeff Nichols a choisi de rester muet sur de nombreux points, comme dans de nombreux films post apocalyptiques, il nous maintient néanmoins dans une situation très inconfortable. 

Que signifient les rêves de Curtis où il voit chaque nuit les attaques de son chien, la chute des oiseaux, les tempêtes et tornades, puis la fin du monde ? Curtis souffre-t-il des mêmes affections que sa mère, à savoir une schizophrénie paranoïde ? L'intrigue se déroule par à-coups, suivant les nuits et leurs conséquences sur le jour. Les premiers rêves de Curtis sont vécus comme réels, lui laissant des séquelles, peut-être psychosomatiques, telle la morsure de son chien dont il finit par se débarrasser. À mesure que ses cauchemars s'accélèrent, Curtis, qui pensait être touché par une maladie mentale et qui en vient même à en parler et à consulter, décide finalement de prendre ses visions au sérieux. La ligne réalité/fantasme, que chacun trace, glisse alors, irrémédiablement, et notre protagoniste se retrouve isolé du reste de la communauté, avec le spectateur qui partage son naufrage social. 

Jeff Nichols ne se contente pas de cette angoisse apocalyptique et soulève alors bien d'autres choses, avec finesse et tact, et surtout, sans voyeurisme. 

Dans ce calme village de l'Ohio, la petite vie tranquille du couple n'est pourtant pas si tranquille, leur fille Hannah souffre de surdité (que l'on devine n'avoir pas toujours été) l'emploi est précaire et les soins difficiles à prodiguer. La mutuelle de Curtis s'avère indispensable à l'opération d'Hannah, et c'est alors la fragilité financière et d'accès aux traitements qui est mise en question, puisque les obsessions du père pour son abri lui valent son licenciement. Le bon foyer américain est balayé par cette tornade cauchemardesque. Littéralement.



Les acteurs sont superbes, Jessica Chastain est extraordinaire dans son interprétation de cette femme si délicate qui ne parvient pas à comprendre son mari mais qui cherche malgré tout à le soutenir, et le jeu torturé de Michael Shannon est à couper le souffle. Alors, j'ai bien évidemment versé des larmes, comme devant de nombreux films.

dimanche 6 janvier 2013

Le retour temporaire avant le grand départ...



Ça y est, nous venons de rentrer dans notre cocon parisien, et c'est à nouveau la cohue. 
À bientôt la famille, à bientôt les amis... C'est la seule chose qui me soit vraiment difficile de faire, dire au revoir aux miens, tant d'un point de vue logistique et organisationnel, que personnel.

Les valises à défaire puis refaire, la trousse à pharmacie à prévoir, voir en vitesse les proches dont je n'ai pu profiter pendant les fêtes. Le grand départ approche à une vitesse folle, et l'excitation s'emmêle avec le regret de quitter ceux que j'aime. Mon ventre est tout entortillé sur lui-même.    

Les marchés de Noël se terminent, les cabanes seront démontées dans la nuit. À bientôt les marrons chauds. C'est bien la fin de cette jolie période et j'échappe finalement à celle que j'aime le moins en déguerpissant : le mois de janvier, où tout est à recommencer, où il fait souvent froid, où on ne sait quand on redescendra au sud, malgré un jour qui s'allonge.
Je dis n'importe quoi en fait. Je m'en fiche du mois de janvier en général, trop occupée entre les partiels, stages et emplois que je dois gérer en même temps chaque année à cette période. 
Janvier 2013 sera le mois de l'ivresse et de l'émulation intellectuelle, car c'est bien ça que je vais chercher outre-atlantique. 


mardi 1 janvier 2013

Le sud-ouest...




Une fin de décembre à l'image de l'année 2012, pleine de surprises, de satisfactions personnelles, estudiantines et professionnelles, de rencontres, de voyages, de découvertes, et la concrétisation d'un rêve. Une très belle année, sans doute la meilleure que j'ai connue, qui s'est achevée en présence de la plupart de mes amis pour un retour de quelques siècles en arrière... le temps d'une soirée médiévale accompagnée de retrouvailles, de rires, de jeux, et d'un bon repas partagé au coin de la cheminée. Le sud-ouest a du bon.

Mes racines n'existent pas, elles ont été coupées, et même si j'ai grandi dans l'entre-deux, je tends à vouloir les choisir ailleurs, ces racines, cette culture. Mais cette culture me rattrape. Et si elle n'est pas fondamentalement périgourdine ou bordelaise, elle est en tous cas bien française, à mon grand désespoir quelquefois, et profondément du sud-ouest.

La beauté apaisante de la vallée de la Dordogne me semble loin depuis Paris, et j'ai tendance à l'oublier, l'ayant trop rejetée lorsque j'étais adolescente, ne voyant d'intérêt que dans des choses futiles et très souvent urbaines. Pourtant, la retrouver depuis quelques années me fait me sentir à nouveau chez moi, me redonne un certain cadre et j'apprécie de la faire découvrir à ceux qui me sont chers.
Je m'aperçois que ces moments vont me manquer, mais je sais aussi que nous nous retrouverons car nous comptons les uns pour les autres et les uns sur les autres. Pas besoin de faire semblant, même si la parade reste évidemment de rigueur, car c'est ainsi qu'on se construit. C'est en tous cas ainsi que je me construis.


Amsterdam - avril 2012


Oklahoma - Arkansas - Texas - Kansas - Colorado - Wyoming - New Mexico - juillet août septembre 2012


Admission à l'Université d'Oklahoma



Zurich - novembre 2012



Londres - décembre 2012


Capbreton - décembre 2012


Bidart - décembre 2012



San Sebastian - décembre 2012







Vallée de la Dordogne - décembre 2012