lundi 7 janvier 2013

Take Shelter

 J'ai enfin pu voir Take Shelter, l'ayant raté au cinéma en début d'année dernière, et j'ai trouvé ce film d'une grande puissance.





L'atmosphère y est dérangeante, l'angoisse diffuse et amplifiante, et si le réalisateur Jeff Nichols a choisi de rester muet sur de nombreux points, comme dans de nombreux films post apocalyptiques, il nous maintient néanmoins dans une situation très inconfortable. 

Que signifient les rêves de Curtis où il voit chaque nuit les attaques de son chien, la chute des oiseaux, les tempêtes et tornades, puis la fin du monde ? Curtis souffre-t-il des mêmes affections que sa mère, à savoir une schizophrénie paranoïde ? L'intrigue se déroule par à-coups, suivant les nuits et leurs conséquences sur le jour. Les premiers rêves de Curtis sont vécus comme réels, lui laissant des séquelles, peut-être psychosomatiques, telle la morsure de son chien dont il finit par se débarrasser. À mesure que ses cauchemars s'accélèrent, Curtis, qui pensait être touché par une maladie mentale et qui en vient même à en parler et à consulter, décide finalement de prendre ses visions au sérieux. La ligne réalité/fantasme, que chacun trace, glisse alors, irrémédiablement, et notre protagoniste se retrouve isolé du reste de la communauté, avec le spectateur qui partage son naufrage social. 

Jeff Nichols ne se contente pas de cette angoisse apocalyptique et soulève alors bien d'autres choses, avec finesse et tact, et surtout, sans voyeurisme. 

Dans ce calme village de l'Ohio, la petite vie tranquille du couple n'est pourtant pas si tranquille, leur fille Hannah souffre de surdité (que l'on devine n'avoir pas toujours été) l'emploi est précaire et les soins difficiles à prodiguer. La mutuelle de Curtis s'avère indispensable à l'opération d'Hannah, et c'est alors la fragilité financière et d'accès aux traitements qui est mise en question, puisque les obsessions du père pour son abri lui valent son licenciement. Le bon foyer américain est balayé par cette tornade cauchemardesque. Littéralement.



Les acteurs sont superbes, Jessica Chastain est extraordinaire dans son interprétation de cette femme si délicate qui ne parvient pas à comprendre son mari mais qui cherche malgré tout à le soutenir, et le jeu torturé de Michael Shannon est à couper le souffle. Alors, j'ai bien évidemment versé des larmes, comme devant de nombreux films.

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