mardi 15 janvier 2013

"You is smart, you is kind, you is important"








J'ai regardé The Help (La Couleur des Sentiments) de Tate Taylor il y a quelques jours. Évidemment, après le grand succès populaire du livre, le film est un petit bijou plein de bons sentiments. Les actrices sont justes, leurs performances efficaces et rythmées, et Jessica Chastain poignante, une fois de plus. 



Skeeter, campée par la géniale Emma Stone, est comme de nombreuses jeunes filles de Jackson, Mississippi, élevée par une nanny noire : Constantine. Or, son ouverture d'esprit et son respect de "l'Autre", plutôt révolutionnaires en 1963, font tâche dans le quartier. 
Sa plume acerbe la pousse à devenir écrivain et elle trouve alors le sujet parfait qui n'a jamais été traité jusque-là : faire connaître la perspective des gouvernantes noires sur leurs conditions de vie, et surtout avec leurs mots. Avec l'aide de deux femmes, l'émouvante Aibileen incarnée par Viola Davis et Minny campée par Octavia Spencer, avant que cela ne s'étende à un groupe bien plus large, Skeeter s'attache à transmettre leur quotidien, le regard qu'elles portent sur leur vie et sur celles pour lesquelles elles travaillent. 

Les tensions dues au mouvement des droits civiques sont subtilement montrées. Thème bien entendu oscarisable, il n'y avait plus qu'à ajouter la touche de pathos et c'était gagné, mais il est pourtant traité avec finesse et retenue. 





La condition de ces femmes noires et celle des jeunes femmes blanches qui vivent côte à côte, toutes enfermées dans des carcans sociaux dont il est difficile de s'extraire, est abordée avec délicatesse, malgré un personnage peut-être trop stéréotypé, où l'emphase n'était peut-être pas nécessaire, sinon pour la rendre détestable en tous points et concentrer tout le dégoût du spectateur. 
La plus touchante est évidemment Celia Foote (Jessica Chastain), brin de femme maladroit et perdu au milieu de tous ces codes. 

Un film féminin, en somme, mais qui dépasse les barrières : celle du genre et du sexe, celle des classes sociales et des associations raciales qu'on y rattache.
Le vrai regret est que finalement, le point de vue reste le même, demeurant, malgré l'effort, du côté de la culture majoritaire... ce qui enracine ce film dans le divertissement.




Aucun commentaire: