mercredi 28 novembre 2012

Le Tireur


Gallmeister est sans hésiter l'un de mes éditeurs favoris.

Outre le fait qu'il angle tout ce qu'il publie sur les États-Unis, ses choix sont toujours originaux et surprenants.


Le Tireur, de Glendon Swarthout n'est qu'un exemple parmi d'autres. Une atmosphère crépusculaire, un personnage principal, J.B. Books à l'automne de son existence, une tranche de vie à El Paso, Texas, apparemment sans grand intérêt si ce n'est que l'auteur capte avec finesse la psychologie de ce tireur, de cet assassin de l'ouest qui appartient bien à un temps révolu. 1901, tournant du siècle, l'époque des cowboys, des guerres indiennes, du sans foi ni loin, c'est bien le passé, et Edward S. Curtis l'avait bien senti avec ses clichés du grand ouest, étudiés par Mathilde Arrivé pour sa thèse de doctorat.


Outre le climat anxiogène et le caractère finalement nostalgique de l'anti-héros, touché par une maladie incurable, c'est surtout sur un paradoxe bien cru que Swarthout insiste. Books est le dernier à incarner la sanglante conquête de l'Ouest. Il a vécu de rien, de liberté factice, des plaines, du jeu, de la boue. Et il est atteint d'un cancer de la prostate. Aux grands espaces se substitue une chambre médiocre. À sa carrure imposante se substitue une diminution physique intolérable. L'impuissance. Sa violence presque animale s'évanouit et alors qu'il regarde avec regret sa vie de débauche, d'excès et de mauvais choix. Il se retrouve réduit à l'état d'Homme incapable de se mouvoir pour les moindres besoins élémentaires, des besoins animaux. Se nourrir, dormir, uriner. Tout est altéré. Même ses rapports aux autres, se trouvent bouleversés. Tous se pressent pour assister au spectacle de sa fin imminente et tentent d'en retirer quelques pièces. Au seuil de la mort, il prend enfin les rênes, et c'est à ce moment qu'il découvre la vraie liberté, celle de décider de sa légende par sa mort. Mais ça ne sert à rien. 


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