samedi 11 janvier 2014

Jane Campion

J'ai découvert Jane Campion et son univers il y a à peu près 6 ans, lorsque je suis tombée sur la musique de Michael Nyman dans The Piano. La douceur des personnages, mêlée à la violence des sentiments et de l'action m'avait profondément marquée. Je n'avais alors cessé d'écouter en boucle l'album pour me remémorer les moments forts de ce film. la Nouvelle-Zélande s'ouvrait sous un oeil nouveau, différent de celui de Peter Jackson. Holly Hunter m'avait hantée. Jane Campion aussi. L'univers a priori féminin de ce film m'avait bouleversée.


En 2009, elle revenait avec Bright Star, cette fois en Angleterre. Ben Whishaw faisant partie de mon panthéon personnel d'acteurs, je m'étais délectée. La légèreté des décors, l'épaisseur de cette histoire d'amour contrainte et restée à l'état embryonnaire, le caractère champêtre mais pesant, l'esthétisme, tout m'avait séduite. Je m'étais du coup mise à lire Keats, mais n'étais pas assez mûre. Quelques années plus tard, j'allais le redécouvrir.




La revoici avec une minisérie de 7 épisodes, Top of the Lake, une nouvelle fois en Nouvelle-Zélande.


Alors que je vis aux États-Unis, sans télévision, la frustration était totale, mais elle est enfin disponible depuis quelques mois. Holly Hunter est bien présente, en délicieuse pythie. Elisabeth Moss (déjà vue dans Girl, Interrupted et Mad Men), qui campe Robin, est magnifique. Détective à la sensibilité exacerbée, à l'histoire personnelle intrinsèquement liée à celle de son affaire, elle s'épanouit sous le regard souvent intrusif de la caméra. Johnno, interprété par Tom Wright, avait été aperçu dans Balibo et Van Diemen's Land, où Oscar Redding tenait un rôle lui aussi. David Wenham, bien connu pour ses interprétations de Faramir et Dilios, fait également partie du délicieux casting.





Mais si les personnages secondaires ont tous leur importance, Robin est sans nul doute le point d'ancrage de chacune des intrigues. Sa quête de la petite Tui, enceinte, se heurte à ses propres limites qu'elle enjambe, avec difficulté, avant de se remettre en chemin. À genou, elle s'écorche puis se relève et poursuit ses recherches. L'histoire, même si elle peut parfois paraitre abracadabrante, tient quand même la route, et la performance des acteurs, formidable, parvient à compenser les rares aberrations du scénario. La complexité des personnages est bouleversante, et Jane Campion nous les donne à voir avec beaucoup d'humanité, tout en leur laissant cet emblématique caractère énigmatique.

L'atmosphère anxiogène rappelle évidemment celle de la série française Les Revenants, et les génériques font par ailleurs étrangement penser l'un à l'autre.  En effet, la musique du générique fait écho à celle de Mogwai (à Coachella cette année!), et les plans d'animaux morts dans le lac ou ceux de montagne coupée du monde sont autant de parallèles entre les deux séries.
La présence remarquée de Georgi Kay, avec sa reprise de Joga de Björk finit de m'achever.




Un peu comme Terrence Malick au féminin, elle révèle peu, choisit ses histoires, les travaille bien longtemps avant de nous laisser les découvrir.

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